Transmission

Le 18 juillet 1987, je faisais avec mes camarades de jeu ma première entrée sur le plateau de ce qui allait devenir un théâtre unique au monde. Depuis ce jour, La Luzège m'a tout appris. Le succès, l'échec, la fraternité, la déception, le partage, la solitude, la résistance, l'épuisement, la force, la fragilité, le doute, l'espoir… un véritable forage en humanité profonde.

 

J'y suis devenu acteur, auteur, un peu metteur en scène parfois, artisan de la culture, chercheur de possibles.

J'ai beaucoup tenté, parfois déçu, j'ai ouvert des portes et j'en ai fermé, j'ai voulu construire et construire encore un espace de liberté pour mes frères et sœurs artistes et pour les publics. J'ai beaucoup reçu, aimé, vibré.

 

Après bien des aventures, La Luzège est aujourd'hui vivante, créative, régénérée. C'est donc pour moi le moment de passer le témoin, de transmettre le flambeau. Une de mes plus fortes expériences est d'avoir contribué à ce que le projet soit désormais incarné par une nouvelle génération d'artistes qui s'en saisissent aujourd'hui avec l'enthousiasme et l'énergie des commencements.

 

Alors voilà, après 32 ans d'aventure dont vingt-huit en responsabilité, je transmets ma fonction de direction artistique à deux hommes et deux femmes de théâtre qui ont l'âge que j'avais quand j'ai entamé cette aventure.

Nous avons préparé ensemble cette transmission depuis un an et demi. Il se sont familiarisés avec les valeurs, les savoir-faire, les réalités de La Luzège, ils connaissent maintenant assez bien ce territoire et bon nombre de ses habitants. Ils ont en main les outils, et j'ai pleine confiance en leur capacité de donner à cette histoire un nouvel élan.

Je vous engage, si vous les croisez, à leur accorder votre bienveillance et votre écoute.

 

Elles et ils s'appellent Clémentine Haro, Fabrice Henry, Romane Ponty Bésanger et Vincent Pouderoux.

Je suis déjà fier de ce qu'ils vont construire avec vous.

 

Quant à moi, je développe une nouvelle aventure et je ne serai pas loin.

Merci à vous pour toutes ces années de théâtre, de projets, et pour la mémoire que nous partageons.

Et bonne année 2019.

 

Sincèrement

 

Philippe Ponty

"Un instant très particulier est gravé en moi, celui où je prends une grande respiration avant de gonfler la cornemuse avec laquelle j'entre sur le plateau de Geoffroy tête-noire, un soir de Gour Noir, en 1987 ou en 1988. Les notes archaïques précèdent les premières paroles de notre aventure de théâtre sur ce site magique et puissant. Je ne peux oublier la boule au ventre, et l'excitation de ce moment fondateur."

 

Philippe Ponty

1987 : La naissance

 

"Un spectacle est créé à la vieille église de Saint-Pantaléon-de-Lapleau (Le Roc du Gour Noir) par la compagnie La Chélidoine. Le Premier Festival de la Luzège a lieu du 10 juillet au 22 août. 3 000 spectateurs sont au rendez-vous."